J-J. Cassenea de Mondonville
DOMINUS REGNAVIT
DISTRIBUTION
Solistes : Sophie AVRIL-LEYDIER, soprano
Béatrice MERLE (EVD), soprano
Myriam DJEMOUR, alto
Richard SOIGNON, ténor
Cordes : 4 violons I, 3 violons II, 2 altos, 2 violoncelles, 1 contrebasse
Harmonie : 1 flûte (naturelle ou piccolo), 2 clarinettes, 1 basson,
Orgue
L’analyse de Thierry MERLE

Cette œuvre du baroque tardif (autour de 1750) reste totalement ancrée dans le style baroque avec ses caractéristiques qui lui sont propres : formes d’écriture, format de chacun des morceaux et succession des tempi, construction de l’harmonie, couleurs employées.
Mais comme toute œuvre baroque, elle ne donne pratiquement aucune indication d’interprétation, ce qui laisse une grande liberté aux interprètes, pour peu que l’on respecte le style…et le bon goût.
Bref, dans Mondonville, on peut être un peu soi-même, ce qui explique l’éventail des interprétations fort divergentes d’une œuvre comme le « Dominus regnavit », même si ce chef d’œuvre a été peu enregistré.
L’un des enjeux est tout d’abord de mener à bien les 5 voix du chœur, avec ses 3 pupitres d’hommes : mener à bien, c’est trouver une couleur et un équilibre qui donnent en particulier toute sa place au pupitre de barytons, utilisé exceptionnellement par les compositeurs français, depuis le XVIIème siècle… jusqu’à nos jours.
L’autre enjeu est de rendre la spontanéité, voire la virtuosité de cette partition particulièrement brillante. Il est vrai que Mondonville mène au bout des possibilités vocales et techniques la soliste contralto dans son air de bravoure, ainsi que les choristes dans les deux chœurs « Elevaverunt flumina » et « Gloria Patri ». Ici le staccato des vocalises, et là une rythmique omniprésente malgré la rapidité du tempo, sont parmi les enjeux incontournables de notre interprétation. Notons à ce propos, que Mondonville a fait confiance plus que nul autre compositeur aux chœurs (les siens devaient être d’un excellent niveau !) puisque dans cette composition d’envergure modeste, on trouve pas moins de 4 chœurs très largement développés, avec notamment le fameux trio d’hommes « Et enim firmavit » qui est l’un des joyaux de la musique française du XVIIIème.
« Quoniam ipsius est » écrit pour la soliste contralto accompagnée par les cordes (violons à l’unisson) et la clarinette solo. D’une virtuosité à toute épreuve, et d’une beauté plastique extraordinaire, cet air a, en son temps, été intégré au « Dominus regnavit », mais à ma connaissance, et très curieusement, il n’a pas été retenu par les enregistrements du marché.
On prendra enfin soin, côté orchestre, de remarquer la présence d’une flûte piccolo dans le « Elevaverunt flumina » colorant délicatement le morceau, pour peu que le soliste maîtrise bien sa présence en concert…
MOZART REQUIEM
DISTRIBUTION
Sophie AVRIL-LEYDIER, soprano
Florent KARRER (concerts d’avril) et
Nicolas JASSERAND (concerts de mars), basses
Orchestre :
Cordes : 4 violons I, 3 violons II, 2 altos, 2 violoncelles, 1 contrebasse
Harmonie : 2 clarinettes, 1 basson, 2 trompettes, 3 trombones
Timbales, Orgue.
Il s’agit là de l’œuvre pour chœur solistes et orchestre la plus jouée et la plus enregistrée de l’histoire… Disons d’emblée qu’il serait prétentieux de vouloir sortir des sentiers battus pour faire quelque chose d’original en pensant renouveler à nous seuls ce monument culturel de notre civilisation occidentale…
Cela n’empêche pas, bien sûr, de lire et de travailler cette partition dans ce qu’elle a d’original, dans sa structure comme dans l’enchaînement des numéros, en ayant forcément à l’esprit que le dernier quart, à partir du « Hostias », est de la composition de l’élève de Mozart : Franz Xaver Süßmayr.
Pour ma part, je pense qu’il est intéressant d’ouvrir la partition en se replongeant dans le contexte de sa composition et de son époque :
- C’est la dernière œuvre de Mozart (son testament musical ?) ;
- Il y a deux compositeurs au sein d’une même œuvre ;
- Mozart écrit une œuvre religieuse avec une foi naïve, voire superficielle par rapport à la plupart des auteurs baroques. Ce point est important, il explique en partie le contraste saisissant et constant entre les ombres et la lumière…
- en 1791 date de la composition, la révolution française bat son plein et initie un basculement dans la façon de penser de toutes les populations d’Europe Occidentale ;
- c’est finalement un « Requiem » qui est plus qu’un « Requiem »…
Pas de révolution à attendre donc dans notre interprétation, mais une stimulation pour mettre en valeur les couleurs, des voix…comme des parties instrumentales, une volonté d’accentuer les contrastes entre ombres et lumière, entre les numéros comme à l’intérieur des morceaux, entre les différents tempi, entre piano et forte, bref, innerver la vie dans toute cette partition…
Et enfin peut être ne pas reprendre les nombreuses reprises (« Quam olim Abrahae », « Lux aeterna », « Cum sanctis tui ») sur un mode identique : les auditeurs doivent avoir droit à quelques inattendus pour une partition connue .

Sculpture représentant Saint-Pierre au portail de la Cathédrale Notre-Dame de Rouen.
Jean-Noël Lafargue — Photographie personnelle
LES INTERPRETES
Sophie AVRIL-LEYDIER commence la musique dès l’âge de 13 ans et obtient son prix de chant au conservatoire de Romans sur Isère (Drôme) à 19 ans. Elle décide alors de devenir chanteuse lyrique et complète sa formation musicale au CNR de Lyon, où elle reçoit les diplômes de solfège, d’histoire de la musique, d’analyse musicale et d’esthétique. Elle travaille assidûment la technique vocale avec Madame Elisabeth Piaton, du Mozarteum de Salzburg.
Après avoir suivi une classe de maître avec Mme Montserrat Caballé en Allemagne, elle est finaliste des concours internationaux de Gascogne et de Marmande en 2003. L’année suivante, elle suit des classes de maître avec Mmes Grace Bumbry et Raina Kabaivanska après avoir été demi-finaliste du concours Reine Elisabeth de Belgique. En 2005, elle est finaliste du Concours de Voix d’Or, puis demi-finaliste du concours Francesco Viñas en Espagne, où elle est très chaleureusement félicitée par Mme Régine Crespin qui l’encourage à monter sur les planches.
Elle chante d’abord de la musique baroque : Nina et Lindor de Duny (rôle de Nina) avec des musiciens des Arts Florissants, ainsi que dans les Festes de Thalie de Mouret durant les « Fêtes d’été » de Lyon en 1997. On l’entend dans de nombreux oratorios : l’Oratorio de Noël de Saint-Saëns en 1996, Die Schöpfung de Haydn en 2001, la Messe en ut mineur de Mozart en 2002, la Messe en si mineur de Bach en 2004 et le Messie de Haëndel en 2005, puis en mars 2007, le Gloria, le Beatus vir et le Dixit de Vivaldi.
Enfin, elle a chanté les rôles de Mme Herz dans Der Schauspieldirektor de Mozart, Barberina dans Le Nozze di Figaro, avec une mise en scène de Jean Giraudeau, ainsi que celui de Junon dans Orphée aux Enfers d’Offenbach. Puis en 2007, elle est Despina dans Cosi Fan Tutte de Mozart à Lyon, Vals-lès Bain, en 2008 Cunégonde dans Candide de Bernstein et Sandrina dans La Finta Giardiniera de Mozart, en 2010, Fiordiligi dans Cosi Fan Tutte de Mozart et Rosario dans Goyescas de Granados.
En 2012, elle a été finaliste des New York International Auditions et a chanté Catherine dans La Jolie Fille de Perth de Bizet.
Après un bref passage par le conservatoire, Myriam DJEMOUR, contralto, apprend le métier de chanteuse auprès de Lionel Sarrazin, puis fait ses débuts au Nouvel Ensemble Vocal de Lyon dirigé par Henri Farge. Elle entre ensuite dans les choeurs professionnels de l'opéra-théâtre de Saint-Etienne.
Depuis plusieurs années, elle partage son temps entre le récital et l'oratorio en tant que soliste et l'enseignement à l'Ecole Nationale Supérieure d'Art Dramatique de Saint-Etienne.
Par ailleurs elle développe une activité de collaboration artistique auprès de divers metteurs en scènes (Richard Brunel, Laurent Fréchuret, Arnaud Meunier, Gwenael Morin, Michel Raskin...) pour accompagner le travail de la voix chantée en plateau.
Par ailleurs formée par Evelyne Brünner et Lionel Sarrazin elle est professeur de technique vocale au Centre National d’Art Dramatique de Saint-Etienne. Elle y a développé une pédagogie singulière en direction des artistes, et de toute personne cherchant à développer un travail de la voix. Elle se nomme elle-même « accoucheuse de voix » .
Elle travaille régulièrement en collaboration avec des metteurs en scène et des chorégraphes, des artistes au plateau comédiens ou chanteurs lyriques.
Myriam DJEMOUR
Richard SOIGNON
Richard SOIGNON est originaire de Brioude en Haute-Loire. Il chante depuis l’âge de 4 ans. A 11 ans, il intègre la CAMERATA BRIVATENSIS, chorale brivadoise spécialisée dans le répertoire Renaissance, et se produit dans de nombreux concerts, fêtes et rencontres musicales pendant 10 ans, en France ou à l’étranger (Le Puy en Velay, Sarlat, Riquewihr, Venise, Vienne…). Il entre au conservatoire du Puy-en-Velay en 1999 où il débute sa formation lyrique dans la classe de chant de Nicole PIRAS. Il intègre parallèlement l’octuor masculin VOCI DA CAPELLA, dirigé par Francis GOT à Clermont Ferrand. Pendant deux saisons, il y découvre la musique religieuse orthodoxe et la musique contemporaine.
En 2001, il débute ses prestations solistes avec des airs d’opéras italiens lors de tournées estivales sur le 42-43 avec la famille CHABOUNIA (Biélorusse), sous la houlette de l’association ART ET MELODIE. Il est « Aristide » dans LES PETITES MICHUS, opérette de MESSAGER dirigée par Jean-Louis JAM au Théâtre de Clermont-Ferrand en 2005 puis « Orphée » dans ORPHEE AUX ENFERS d’OFFENBACH dirigé par Raphaël BRUNON au Théâtre du Puy en Velay en 2006 et 2007. Il interprète LA PETITE MESSE SOLENNELLE de ROSSINI avec le pianiste Cyril HUVE en 2007 au Puy en Velay et à Leipzig. Il poursuit sa formation lors de stages de chants à l’académie de Musique de La Chaise Dieu avec le contre ténor Robert EXPERT.
Depuis 2009, il collabore à divers projets musicaux en Rhône Alpes et en Auvergne : avec le L’Ensemble Vocal du Dauphiné dirigé par Thierry MERLE, avec les ensembles Ponot Arvoly dirigé par Thierry REYNAUD et Sine Nomine dirigé par Julien COURTOIS, avec l'ensemble Montluçonnais Scherzi Musicali dirigé par Martine LAURENT GAUMET. Le répertoire est large : Monteverdi, Allegri, Bach, Mozart, Gounod, Rossini...
Florent KARRER
C’est après avoir obtenu un master de recherche en « Histoire de la pensée politique » à Sciences Po Lyon que Florent KARRER découvre le chant lyrique et décide d’en faire son métier. Pour autant, il n’est pas un musicien débutant : il pratique le violon depuis l’âge de 4 ans jusqu’à obtenir un CEM au CRR de Lyon, puis s’essaye à la guitare basse, la contrebasse, la guitare et enfin au chant dans des styles allant de la chanson au rock et au blues !
En 2013 il intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon dans la classe de Brian Parsons et Sylvie Leroy. Il y développe son apprentissage du métier de chanteur tout en cultivant sa polyvalence.
Toujours dans la préoccupation de transmettre, il a à cœur de faire découvrir des répertoires peu connus en France comme les Lieder scandinaves ou les mélodies anglaises.
Il met également son expressivité au service des répertoires sacrés en tant que soliste allant des musiques baroques française, italienne et allemande aux créations contemporaines, notamment avec le Choeur Emelthée et l’Ensemble vocal et instrumental du Dauphiné.
Il se fait remarquer pour son énergie et sa capacité à passer d’un registre comique à des attitudes inquiétantes sur scène dans le domaine opératique à travers divers rôles : Don Giovanni, Papageno ou Guglielmo chez Mozart, Robert dans l’opéra contemporain 926,5 de Suzanne Giraud, Moralès dans Carmen, le père d’Hansel et Gretel dans l’opéra d’Humperdinck dans une version plein air, etc.
A l’aise dans le passage de la voix parlée à la voix chantée, il se produit occasionnellement en récitant et a eu l’occasion de mettre en avant ses compétences de comédien dans différents rôles d’opérette, notamment celui de Florestan dans Véronique de Messager. Il aime à mélanger les différents répertoires vocaux dans le cadre de festivals lyriques visant à attirer de nouveaux publics ou de ses collaborations avec la compagnie de théâtre musical La Compagnie des Gentils.Chambriste dans l’âme, il forme avec la pianiste Chloé Elasmar le Duo Vagabond. Ensemble, en 2015, ils remportent le Prix du Festival de Montperreux au Concours International « Les Saisons de la Voix » de Gordes. Ils décrochent également le Grand Prix Paul Derenne, Prix de la Mélodie Française et le Prix Francis Poulenc lors du Concours International d’Interprétation de la Mélodie Française de Toulouse en novembre 2017.
Nicolas JOSSERAND
Nicolas JOSSERAND, baryton-basse, est originaire de Madagascar. Il commence le saxophone, la formation musicale et la pratique chorale à l’âge de sept ans à l’école de musique de Moirans. Après l’obtention du Bac E.S, il entre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Grenoble en 2005, en chant lyrique, dans la classe d’Angèle Garabédian. A la fin de son cursus, en 2009, il réussit le concours d’entrée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon où il poursuit sa formation sous l’enseignement de Françoise Pollet. Dans le cadre de ses études, il participe à des Master-Classes animées par Alain Garichot, François Leroux, Christian Immler, Udo Reineman, Jean-Philippe Laffont…
Bien engagé dans la profession il développe une palette très large :
Il chante avec les choeurs Musica Nova (Lucien Kandel), Émelthée (Marie-Laure Teissèdre), Aedes (Mathieu Romano), Spirito (Nicole Corti), chœur et Orchestre Jean-Philippe Dubor, …
Il est soliste dans le Stabat Mater de Dvorak à Oxford (dir : Mel Houldershaw), La Passion selon Saint Matthieu de Bach à Amsterdam (dir : Servaas Schreuders), La Cruxifixion de John Stainer (dir : Geneviève Blayo), Les Vêpres d'Alessandro Scarlatti (dir : Manuel Simonnet), La Petite Messe Solennelle de G. Rossini (dir : Geneviève Blayo),…
Il chante l’opéra dans les rôles de Le Comte Robinson dans Il Matrimonio segreto
de Domenico Cimarosa, Don Inigo Gomez dans L'Heure Espagnole de Maurice Ravel (dir : Fabrice Pierre), Gustave Frank dans Die Fledermaus de Johann Strauss (dir : Philippe Forget ), Norton dans La Cambiale di Matrimonio de Gioachino Rossini, Satan dans Les larmes du couteau de Bohuslav Martinu (dir : Fabrice Pierre), Le Commissionnaire dans La Traviata de Giuseppe Verdi (dir : Patrick Souillot), Bedron dans Comédie sur un Pont de Bohuslav Martinu, Pedro dans Fiesta de Darius Milhaud,….